Quel beau jour pour se baigner ! [Narcisse]

Le ciel était d'un joli bleu lavande, parsemé seulement de quelques nuages blancs épars, le soleil tapait déjà fort en ce début de matinée et l'air était doux. Le tout agrémenté d'une jolie rivière qui coulait au milieu du plus beau jardin de tout le royaume. Bref, un paysage digne d'une carte postale et un temps vraiment idéal pour se baigner, histoire de se rafraîchir un peu. Et les fleurs ne s'étaient pas faites attendre pour le faire puisqu'elles se pressaient déjà dans l'eau limpide, emplissant l'endroit de leurs rires et leurs cris en tout genre. Et ce n'étaient pas les habitants du jardin qui viendraient tout gâcher, ça non. Tous dans des maillots qui rivalisaient par leur petitesse, à croire qu'ils avaient organisé le concours du moins vêtu de tous, ou encore, pour ceux qui avaient improvisé la chose, avec des vêtements mouillés qui dévoilaient honteusement leurs dessous. Que diable pouvait bien fabriquer Mazarine ici ? On se le demande, n'est-ce pas ! En fait, elle-même ne savait pas trop : elle aurait aimé se baigner mais ayant vu que la foule affluait déjà ici, elle reconsidéra ses plans. Surtout que les fleurs n'étaient pas toujours très gentilles avec elle. Ça non, un jour une petite Marguerite lui a foncé dessus en lui hurlant des mots tout bonnement horribles, trop horribles pour être retenus. Mazarine lui a pardonné depuis le temps, persuadée qu'elle avait dû être piquée par un stroupt qui s'était levé du pied gauche et avait une horrible envie de manger du miel. Même si quand elle lui a exposé sa théorie à l'époque la fleur était devenue rouge de colère, lui intimant de cesser de se moquer d'elle, chose qui n'avait fait que renforcer les doutes de la Simili Tortue.

Toujours est-il que cette petite aventure malheureuse a refroidi considérablement la petite de s'aventurer trop dans ce jardin. Il y avait tant de bêtes méconnues dans cette contrée qui affectaient le cerveau de ces fleurs qu'elle craignait de ne plus jamais ressortir de cet endroit. Mais ce jour-ci, la tentation avait été plus grande. Elle avait soigneusement mesuré le pour et le contre avant de se décider à se décider à aller se baigner. Et puis, finalement, elle se dit que le soleil était bien trop fort, que la plage était bien trop loin et que l'eau salée risquait de lui piquer les yeux, lui sécher les cheveux et qu'elle risquait de croiser un zryptu dans l'eau qui pourrait lui piquer le pied avec ses tentacules. Non, le jardin et la rivière, c'était moins risquait. Mais mieux valait qu'elle trouve un endroit un peu plus discret, quelque part où il y aurait un peu moins de monde. D'abord parce qu'elle pourrait barboter tranquillement, en paix mais aussi parce que les stroupts et autres yzlang aimaient par dessus tout la foule et le parfum dont s'étaient aspergées ces jolies fleurs. Quelles pauvres inconscientes ! Mais ça, Mazarine n'allait pas leur dire. Non, elles risqueraient de se fâcher et la pauvre Tortue n'aimait pas se frotter à elles. Elle chercha donc une petite crique sympathique où elle pourrait être tranquille, marchant du coup dans les hautes herbes. Elle tapa trois fois dans ses mains avant d'avancer à cloche pied, histoire d'éloigner les Ghups qui pourraient la guetter dans l'herbe. Après avoir fait cela sur quelques mètres, elle fit un tour sur elle-même puis se remit à avancer normalement pour recommencer au bout de quinze pas. Elle se promenait ainsi quand soudain elle se stoppa, un sourire béat sur les lèvres. Ne serait-ce pas ce cher Narcisse qui était accroupi dans les hautes herbes, semblant observer quelque chose... Ou peut-être quelqu'un. Certainement des fleurs égarées et peu vêtues mais ceci importait peu à Mazarine puisque celle-ci accourut vers lui et cacha ses yeux avec ses mains en lançant gaiement :

"Devine qui c'est ?"

Mazarine restait encore et toujours sourde aux protestations de Narcisse. Peu importait la manière dont il la traitait, les infidélités affichées qu'il lui faisait ou la façon dont il lui répondait, elle revenait à la charge, encore et encore. Un vrai pot de colle, quoi. Un pot de colle qui s'était mis en tête de faire du plus fidèle libertin du Royaume son petit ami attitré. Enfin, son point de vue à elle, c'était qu'il suffisait de le rendre fidèle, le reste serait gagné d'avance. Aussi, même s'il soupira ouvertement et lui répondit sèchement, elle rit légèrement en enlevant ses mains de ses yeux pour les passer autour de son cou. Elle profita de cette étreinte pour lui glisser avec joie :

"Gagné !"

Suite à quoi, elle se permit de déposer un baiser sur sa joue avant de continuer en continuant de l'étreindre :

"Hum eh bien, je fais comme toi. Je me promène, tout simplement !"

Narcisse ? Se promener ici ? Mais bien sûr... Enfin, n'allez pas le dire à Mazarine, elle ne comprendrait pas la subtilité de votre remarque. Oui, comme on dit, l'amour rend aveugle. Et bête, avec ça. Elle sourit en passant une main sur le visage du beau jeune homme avant de le lâcher et venir s'asseoir face à lui. Elle lui lança alors son plus beau sourire, se retenant d'entrer plus dans les détails : elle avait déjà remarqué que ça l'agaçait plus que de mesure. Mais elle ne tint pas bien longtemps et commença alors d'un ton enjoué :

"C'est une magnifique journée, après tout. Il serait bête de rester enfermé dans le château de cartes alors que le soleil est si radieux. En plus, il ferait trop chaud là-bas, quoique ici aussi, tu me diras. Mais bon, on profite toujours mieux du soleil dehors, du chant des oiseaux aussi, enfin, je trouve, pas toi ? Donc je suis venue ici. Bon, je t'avoue que j'ai eu peur de tomber sur une horde de stroupts ou même des Ghups dans les hautes herbes. Mais c'était toujours moins risqué que la plage où une fois, j'ai été piquée par un yzlang et on raconte aussi qu'on pourrait tomber sur des splitz qui ôtent la voix de leur victime. Tu te rends compte, ne plus pouvoir parler ? Ce serait horrible ! Tout bonnement horrible ! Du coup, j'ai préféré venir ici pour qui sait, me baigner. Encore faudrait-il que je trouve une crique tranquille. Et toi, que fais-tu ici ? Tu viens pour te baigner aussi ?"

Elle dut avoir une idée puisqu'un sourire malicieux apparut sur son visage. Elle fixa Narcisse un court instant avant de se lever d'un bond et tirer le jeune homme pour le forcer à se lever tout en s'écriant :

"Oh, je sais. J'ai eu une idée génialissimement grandiosement magnifique ! Si on cherchait ensemble ? On pourrait se baigner tous les deux ? Hum ? Qu'en dis-tu Narcisse ? Ce serait génial non ?"

Il n'était pas certain que le Valet de Pique apprécie les activités en couple. Enfin, les activités autres que celles qui pouvaient se faire dans un lit et qui n'engageaient à rien de très sérieux. Vous avez compris le concept, je suppose. Mais pas Mazarine. Elle espérait sincèrement qu'elle accepte. Autant de naïveté dans une seule personne, c'est presque beau à voir, avouez.