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 Arrêtons le cours du temps. {Calypso

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MessageSujet: Arrêtons le cours du temps. {Calypso   Arrêtons le cours du temps. {Calypso I_icon_minitimeDim 29 Mar - 23:22

    Une ! Deux ! Une ! Deux !
Seule la robe et le visage d'un blanc éclatant de Viridiana se détachaient du sentier ocre dont la couleur n'était pas sans rappeler ses cheveux fins virevoltant. Autour d'elle, la plupart des personnes observaient strictement les convenances et marchaient d'un pas lent, la tête haute, semblant flâner au gré de leur humeur. Seule notre petit lapin courrait sans s'arrêter, mais plus personne ne se retournait, plus personne ne s'étonnait car toujours, Viridiana courrait. Et jamais, jamais, elle ne s'arrêtait... ou plutôt de façon extrêmement rare et courte. Il était dur de lui faire perdre la tête au point qu'elle oublie sa montre en or enfoncée dans sa poche. En or, vous dites ? En plomb vous répondrait-elle en dans un sanglot difficilement contenu ! En plomb ! Ce petit accessoire du quotidien était tellement pesant, tellement lourd et les aiguilles s'affolaient, désirant sans cesse trottiner plus rapidement qu'elle. Pourquoi, diable ? Pourquoi ? Mais Viridiana ne perdait pas la tête pour autant, dumoins le pensait-elle ! Car elle n'oubliait pas de mettre toutes ses questions de côté pour ne se concentrer que sur une chose : son objectif, sa mission. Surtout que celle que venait de lui confier la Reine de Coeur était terrible ! Elle devait aller au Jardin des Fleurs et établir la liste de toutes les fleurs en les répertoriant par nombre de pétales sans en oublier une seule. Et il fallait qu'elle ait fini dès demain, à la même heure. Mission impossible vous dites vous sûrement, tout le monde le dit toujours. Mais chaque fois, Viridiana réussit... que se passera-t-il le jour où elle échouera ? Voilà bien une question qu'elle chasse de son esprit sous peine de voir sa course ralentie par un flot terrible de larmes intarissables. Ne pas réussir aurait été une chose terrible pour elle ! C'était tout simplement elle, cela ! La seule chose qu'elle était ! Qu'elle aimait ! Qu'elle savait ! Qu'elle faisait ! Elle ne se souvenait pas de sa vie avant ses premiers pas de course... elle n'avait pas le temps d'y repenser. Et puis, si elle ne réussissait pas, sa vie s'arrêterait là, de façon aussi cruelle qu'elle avait commencé. Car la Reine lui couperait la tête.

Ainsi, elle courrait encore à vive allure, sa saccoche bleue à carreaux lui frappant la cuisse à chaque pas esquissé dans un joyeux tintamarre : stylos et instruments de mesure se pércutant et couvrant le bruit provoqué par sa respiration haletante. Arrivée en haut de la colline, la grosse tâche jaune moutarde qu'elle avait aperçu en son sommet se révéla être la robe de la Duchesse. Elle se stoppa net, ses petits souliers noirs crissant contre les graviers dans un petit nuage de poussière rouge. Son coeur battait la chamade et tout doucement, prenant bien des précautions pour ne pas se faire remarquer, elle pivota sur la pointe de ses pieds pour esquisser quelques pas discrets en rebroussant chemin. Elle préfèrait contourner la colline que de discuter avec l'imposante dame, car elle ne savait que trop bien comment chacune de leur conversation se terminait, et notre...

    LA DUCHESSE : Pauvre Viridiana ! Votre vue semble vous faire défaut car vous vous apprêtiez à repartir sans me saluer.
    LE LAPIN BLANC : Je m'excuse.
    LA DUCHESSE : Allons, inutile ! Vous savez bien que l'âme charitable que je suis a le pardon facile.
    LE LAPIN BLANC : Il est...hum... vrai ?
    LA DUCHESSE : Vrai ! Vrai ! Et re-vrai mon amie ! La preuve en est que pour que vous ayez l'âme en paix et pour vous épargner un terrible poid menaçant de peser sur votre conscience, je...
    LE LAPIN BLANC : Non ! Non ! Ma conscience se porte à merveille, je puis vous l'assurer.
    LA DUCHESSE : Pardon ? Je n'entends point. Que diable Viridiana, la culpabilité vous empêche même d'articuler correctement ! Heureusement que je suis votre amie et que je tiens à votre bonheur. Car, j'y tiens profondément, vous en conviendrez ?
    LE LAPIN BLANC : Oui. Il me semble.
    LA DUCHESSE : Voilà qui est parfait ! Car cousine qui tient sa demeure établie au jardin des fleurs souffre cruellement du manque d'eau avec cette sécheresse qui s'abat sur notre beau Royaume. Je comptais moi-même lui apporter un plein arrosoir de jus de fraisidore mais mes pauvres bras manquent de vigueur, voyez-vous ?
    LE LAPIN BLANC : Vraiment ? Oh ! Non ! Enfin oui ! Enfin je veux dire que je ne vois que trop bien ! Je suppose...

    LA DUCHESSE : Alors l'affaire est réglé ! Cette rencontre fortuite fut un plaisir. A bientôt mon amie, je suis votre valet.
    LE LAPIN BLANC : Et moi votre serviteur.
    LA DUCHESSE : Point de sottises avec moi mon amie !
    LE LAPIN BLANC : Certes...
Passant devant elle avec son sourire aimable toujours inscrit sur le visage, dès qu'elle lui tourna le dos, les coins de ses lèvres s'affaissèrent pour afficher une moue soucieuse sur son joli visage. Cette machine infernale, ne cesserait-elle donc jamais ? Elle n'avait vraiment pas une seule seconde à perdre et referma sa main tremblante sur sa montre. Elle plissa fermement les yeux tandis qu'elle sortait le terrible objet. Non ! Elle ne voulait pas lire l'heure ! Elle ne le voulait pas... mais ses muscles résistaient à sa volonté. Partagée entre ces deux terribles besoins contradictoires, ces doigts fébriles soulevèrent avec délicatesse le petit couvercle doré et rond :

    LE LAPIN BLANC : Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! Je suis en retard ! En retard !
Et ses jambes qui n'étaient jamais fatiguées s'activèrent de nouveau pour dévaler la colline qui lui offrait maintenant une douce pente. N'ayant plus le temps de penser à autre chose qu'à l'heure, ses yeux étaient fixés sur le bout du chemin interminable qu'on voyait se perdre dans la forêt au loin. Elle y arriverait ! Elle y arriverait ! Elle y arrivait toujours !
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MessageSujet: Re: Arrêtons le cours du temps. {Calypso   Arrêtons le cours du temps. {Calypso I_icon_minitimeLun 30 Mar - 0:30


    Le temps était radieux, époustouflant même. Le soleil éclairait de manière impressionnante le pays des merveilles, tout le monde pouvait tranquillement laisser rôtir sa chair tant il faisait chaud.
    Tant il faisait jour, Il fallait pourtant être habitué à ce genre de temps puisque dans l'imagination débordante d'une enfant le temps n'était que très rarement pluvieux, trop rarement peut être pour certains. On se plaignait en effet beaucoup de souffrir de la chaleur.
    Du moins était-ce le cas pour tout ceux qui vivaient en dehors de la forêt, car ce magnifique endroit était agréablement protégé de la chaleur presque suffocante dont souffrait le reste du pays.
    C'était d'ailleurs cette agréable fraicheur qui attirait en ce moment bien plus de visiteurs qu'on en avait l'habitude.
    La plupart des jeunes aristocrates possédant une maison de vacance dans le grand chêne venait passer leurs journées dans les cascades fraiches, à l'ombre du soleil extraordinairement rayonnant.
    Pour cette raison les habitants de la forêt pouvait s'amuser bien plus qu'ils n'en avaient l'habitude, ils étaient d'ailleurs tellement occupés à s'amuser qu'ils en oubliaient presque l'heure du thé.
    Presque, car après tout il était impossible d'oublier de faire une pose pour tremper une assiette dans un bon thé.

    Calypso elle avait prit une décision qui pouvait sembler étrange; elle qui aimait temps perdre les gens au fil de ses discours, elle qui aimait tant jouer des tours à ceux qui se perdait.
    Elle avait décidé de quitter tout ces jouets potentiels, voyant en l'astre solaire un moyen d'aller se divertir ailleurs. Elle se trouvait dans sa charmante maison ce matin là, occupée à boire une tasse de thé; lorsque Cassian vint lui rendre visite.
    Elle ne put se retenir d'éclater de rire en le voyant débarqué dans son salon, s'époumonant sur son coussin elle observait incrédule le jeune homme, il était aussi bien habillé qu'on pouvait l'être.
    Il fallait même avouer qu'il était tout bonnement chic dans la tenue qu'il avait enfilé pour venir.
    Son costume d'un gris clair s'accordait parfaitement à la posture exagérément classe qu'il avait adopté.

    -Mon Dieu! Essaye tu de me tuer? s'esclaffa Calypso.
    -Pas le moins du monde.
    -Alors que signifie cette..., essaya t-elle de dire entre deux éclats de rire. Cette tenue?
    -Je t'emmène boire le thé, répliqua t-il sérieux.
    -C'est parfait! Mais ça n'explique rien.
    -Si. Puisque nous allons boire dans la grande plaine, près du palais de la Reine et du Roi de cœur.
    -En ce cas je reviens dans quelques minutes, répondit-elle en arrêtant enfin de rire.

    Calypso se redressa d'un bond, passant à côté de lui elle ne put s'empêcher de tirer sur son nœud de papillon; ce qui lui valut par ailleurs un regard grognon.
    Elle s'éclipsa dans sa chambre circulaire et bientôt le sol fut couvert de vêtements, il fallait avouer qu'elle avait une véritable passion pour les vêtements; principalement parce que comme tout ses voisins elle adorait se déguiser.
    Lorsqu'elle descendit à nouveau vers le beau brun, qui l'attendait avec une impatience visible, celui-ci l'accueillit avec un sifflement admiratif.
    Elle avait ressortie une tenue qui avait appartenu à sa mère, car après tout elle était elle même de souche aristocratique. La longue robe d'une vert tendre descendait jusqu'à ses chevilles, ses pieds habituellement nues étaient installés dans de délicieuse chaussure blanche, ses épaules nues était recouverte d'un châle blanc, sa tête recouverte par un immense chapeau vert orné d'un ruban pâle et finalement posée sur ses fines épaules elle faisait tourner une ombrelle.
    Il fallait avouer qu'elle ressemblait parfaitement à une vrai dame, sauf lorsqu'elle lui servit une grimace moqueuse.

    -Emmène moi! Emmène moi! gémissait-elle impatiente.
    -Méconnaissable... souffla t-il admiratif.
    -Est ce que tu connais cette fameuse blague...
    -Je m'excuse. Mais pitié ne me la raconte pas,la coupa t-il.
    -Étant donné que ça te fait plaisir je vais te la raconter. N'est aucune inquiétude.

    Tout en sortant de la maison elle commença à raconter une histoire qui au finale ne fit rire qu'elle.
    Il fallait avouer que ses blagues étaient rarement amusantes pour ceux qui n'avaient pas un esprit assez semblable au sien.
    Calypso s'arrêta quelques instants dans son potager, y prenant plus de champignons que nécessaire elle les glissa dans sa poche avec un sourire malicieux aux lèvres.
    Le thé n'était pas un thé sans champignons et pilules.
    Cassian la conduisit d'un pas lent jusqu'à la fameuse plaine, retenant difficilement l'enthousiasme de sa compagne. Celle-ci ne se déplaçait qu'en sautillant et chantait les milles et unes chansons qui lui passaient par la tête, ne prenant jamais le temps d'en achever une cependant.
    Il fallait être habitué à son excentricité pour réussir à trouver ses éclats d'enthousiasme normaux, voir même agréable pour les personnes les plus compréhensives.

    Une couverture fut placée sur l'herbe tendre et d'un vert plus que vif.
    Le jeune homme s'occupait de préparer le thé alors que Calypso assise près de lui ne pouvait s'empêcher de toucher à tout. Rajustant tantôt la couverture, la froissant l'instant d'après pour pouvoir mieux la lisser par la suite.
    Elle observa avec amusement une grosse dame jaune qui passait près d'eux, celle-ci croisa son regard et le sourire faux qu'elle lui adressa ne fit que motiver Calypso dans son envie s'amuser un peu. Cette grosse dame semblait ne pas connaître les règles du jeu et cela rendait le tout beaucoup plus amusant après tout.

    -Bien le bonjour mon amie.
    -Il ne semble pas aussi bon que le précédent.
    -Plait-il?
    -Je disais que vous aviez de jolies dents.
    -Oh! Quelle délicieuse enfant.
    -Ni pensez pas. Je ne suis pas comestible.
    -Je ne comptait pas vous croquer ma douce amie.
    -Pourtant je peux voir l'ogre qui sommeil en vous.
    -C'est insensé!
    -Pas autant que votre tenue et pourtant je ne me plains pas.
    -Qu'elle peste vous faites.
    -Ma fois je suis heureuse de vous avoir vu. Il m'est rarement possible de contempler une aussi énorme personnalité que la votre.

    Calypso s'éloigna suivit par les remarques indignés de l'énorme dame qui avait parfaitement saisit l'énorme sous entendu. Qui avait dit que la jolie brune ne savait pas parler de façon à être comprise par les plus simples d'esprits.
    Cassian ne posa qu'un coup d'œil à la grosse dame avant de lui offrir un sourire charmeur, face auquel la Duchesse ne put que rougir et oublier l'affront qu'elle venait de subir.
    Le beau brun avait l'habitude d'user de sa personne pour régler les problèmes que ne manquait jamais de causer la douce Calypso.
    Celle-ci allongée sur le dos était occupé à observer les pilules qu'elle avait transportée, en tendant une à son cher ami elle lui offrit un sourire charmant et tout à fait innocent.
    Puis déposant un léger baiser sur son front elle se blottit dans ses bras en attrapant une tasse de thé qu'il avait remplit... à moitié bien sûr.

    -Oh mon Dieu! Oh mon Dieu! Je suis en retard! En retard!

    Cette voix Calypso l'aurait reconnut entre milles, elle ne mit qu'une fraction de seconde à bondir sur ses jambes frêles; ne manquant pas de renverser sa tasse de thé par la même occasion.
    Elle ne prêta nullement attention aux protestations de Cassian, son regard excité se baladait un peu partout sur la plaine, lorsqu'enfin elle la vit.
    Toute habillé de blanc la charmante petite Viridiana courait à en perdre haleine, ne manquant pas une occasion d'hurlé lamentablement son retard.
    La jolie brune observait le Lapin blanc avec un sourire ravi et lorsqu'elle se lança à sa poursuite elle ne put qu'observer avec satisfaction la poignée de champignons qu'elle caressait distraitement dans la poche de sa robe.
    A croire que finalement cette journée serait beaucoup plus amusante que ce qu'elle avait espérée.

    -Petit lapin! Petit lapin où court tu ainsi?
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MessageSujet: Re: Arrêtons le cours du temps. {Calypso   Arrêtons le cours du temps. {Calypso I_icon_minitimeDim 5 Avr - 13:29

Viridiana n'était concentrée que sur son objectif, tentant d'oublier le caractère impossible de cette terrible course. Elle préfèrait se laisser bercer par une illusion optimiste : celle de la réussite. Une voix chantante vint alors la déstabiliser, insupportablement chantante, certains diraient. Une voix qui avait un pouvoir sur chaque personne du royaume, le pouvoir d'agaçer, de perdre, de charmer... un effet différent sur chacun. Pour Viridiana, cette voix avait toujours le pouvoir de la faire ralentir sa course. En effet, dès qu'elle l'avait entendue : un pas de côté, esquissé comme un geste vain pour fuire, avait eu raison de la ligne droite qu'elle empruntait dans une maniaquerie... maladive ? ... folle ? La folie de Virdiana, la voilà ! Etre toujours raisonnable dans un monde de fous, suivre une ligne droite sur un sentier n'étant qu'un amas de tournants impossibles. Ayant repris contenance, et reprenant par la même son chemin avec maniaquerie et vitesse constante, elle avait tourné son visage vers celui de Calypso. Elle se laissait toujours toucher par le sourire délicat de la Dame. Elle le trouvait tellement sincère, beau qu'il aurait même été communicatif si notre petit Lapin Blanc n'avait pas été un monstre de stress. Entre deux foulées illustrées par un essouflement, elle s'entendit répondre :

    LE LAPIN BLANC : Au... jardin... des fleurs ! Il faut... compter les... pétales ! Tous ... oui tous ... sans exception ! Et puis... Jacinthe... il faut... qu'elle boive ! Oh oui... oui... il le faut... il le faut... ou sinon...
Ou sinon quoi ? Sinon la Reine lui couperait la tête. Mais même au-delà de cette menace... Les habitants du royaume lui faisaient confiance ! Tous étaient des personnes aimables mais malheureusement peu sensées. Tous étaient désorganisés et ce beau royaume n'était pas vraiment administré ! Il y régnait un cahos total, tous y étaient égarés et égaraient aussi toutes sortes d'accessoires un peu partout ! Tous voulaient ceci... qui était là-bas ! Et cela qui était encore au-delà du là-bas ! Toujours plus loin, à des frontières toujours plus poussées. Il fallait bien qu'elle les aide ces pauvres habitants du pays des merveilles. Elle était bien la seule à pouvoir remplir parfaitement cette mission. Même si tout devenait toujours moins facile, même si le temps semblait toujours aller plus vite. Mais cela, il était bien vain de l'expliquer. Chaque fois qu'elle essayait, elle se perdait dans ses mots et en oubliait même le temps qui filait. Et c'était un risque qu'elle ne voulait certainement pas prendre. Elle préfèra ainsi couper tout dialogue :

    LE LAPIN BLANC : Pas le temps... d'expliquer ! Je suis... en retard ! En retard !
Sa tête ne cessait de multiplier les mouvements, un coup devant elle pour regarder l'orée des bois constituant son objectif premier, et un coup à sa droite pour regarder la Dame. Elle ne pouvait s'en empêcher et son regard dès qu'il croisait le sien était chaque fois partagé entre la crainte et l'amusement. Elle savait que la belle Calypso était l'une des rares personnes à avoir le pouvoir de la faire s'arrêter de courir. Et cela constituait une menace autant qu'une tentation. Mais une tentation à laquelle il lui fallait résister. Elle accéléra encore un peu - si c'était possible ! - le pas. La fuyait-elle ? Sans nul doute mais pour qu'elle abandonne ou qu'elle la suive ? Voilà une question que refusait de se poser notre Lapin Blanc et entre nous, peut-être aurait-elle dû prendre le temps de se la poser. Un bref coup d'oeil lui avait suffi pour aperçevoir la main de Calypso enfoncée dans la poche de sa robe verte. Et aussi folle puisse être notre Virdiana, elle n'était pas sotte... ou plutôt : pas de façon totale. Elle savait bien, pour avoir connue à plusieurs reprises cette même situation, ce qui composait le contenu de sa poche. Des champignons aux vertus magiques, délirantes, hallucinatoires à l'image de celle qui les avait en sa possession. Cette simple pensée lui donnait la terrible envie d'arrêter de courir, de sentir ses jambes cesser leur course infernale, se défaire de leur lourdeur pour qu'elles puissent la propulser dans le ciel, la faire s'envoler dans un univers où tout était plus léger, facile, beau. Accéder à ce monde des rêves où personne ne lui disait : fais ceci ! Va là-bas ! Un monde où seul son bonheur comptait, où elle pouvait se montrer d'un cruel égoïsme. Qu'il était bon d'oublier le reste du monde pour évoluer dans cette bulle délicate aux mille couleurs. Une bulle qui grandissait, grossissait, volait plus haut, toujours plus haut et était sans cesse plus belle. Et puis l'éclatement violent et la lente chute aussi infernale que libératrice. Le sol heurté, un silence terrible, un noir complet. Enfin, elle se reposait...

Oh que cette Calypso la tentait, mais qu'elle l'effrayait aussi ! Le meilleur moyen de renoncer à la tentation était de ne pas s'y frotter et c'était maintenant ce danger là qui faisait courir notre petite Viridiana à la peau si blanche. Elle ne courrait plus pour aller au jardin des fleurs mais pour échapper à l'emprise de la Dame et de ses champignons. Plus vite ! Plus vite ! Ne pas s'arrêter une seule seconde, ne pas montrer le moindre signe de ralentissement... sinon, c'en était fini de sa mission. Et encore une fois, cela aurait été une chose terrible pour notre Lapin. Une pensée qu'elle repoussait toujours loin, incapable d'y penser sans éprouver le besoin d'éclater en sanglots.

Torturée ? Cela ne consituait un secret pour personne... sauf peut-être pour elle. Car elle était le jouet favori des nombreux résidents de ce royaume. Notre petite Polonaise s'était trompée de monde il y a bien longtemps. Sa place n'était pas dans ce pays-là et elle rêvait d'un monde où le calme aurait été le maître mot. Du calme, de la sérennité, le bonheur... elle aurait pû le connaître elle aussi ! Mais pas ici. Et elle n'avait jamais demandé à y venir d'ailleurs ! On l'avait envoyée, parfait bibelot manquant à la collection de ce monde de fous ! Et un objet tellement utile... un objet dont la fonction principale était le service. Tous lui étaient supérieurs ici, tous la dominaient et exercaient un pouvoir certain sur elle. Cela n'aurait pas été si grave si ce "tout le monde" n'en avait pas eu conscience, ou bien si ce "tout le monde" avait été bienveillant. Mais leur folie douce ne rimait pas avec bêtise et encore moins avec bonté. Ils aimaient jouer comme des enfants capricieux et profiter d'une si bonne âme qui ne disait jamais non. La voir courir... cela leur apportait un dégré de satisfaction que personne ne s'expliquait. Viridiana la dernière car, pour dire vrai, tout cela : elle n'en était absolument pas consciente. Elle n'avait pas le temps d'y penser. Elle ne s'était jamais assise calmement pour observer et constater que le joli surnom qu'on lui attribuait, celui d"amie" sonnait terriblement faux. Elle ressentait le besoin de leur obéir car elle pensait naïvement qu'elle obéissait à une nécessité, et non à un désir cruel n'ayant d'autre but que de divertir. Le Lapin Blanc n'était pas un coursier... il était un jouet obéissant aux claquements de doigts comme aux sourires les plus doucereux.

Elle voyait clair dans le jeu de certains. Les premières mauvaises intentions dont elle avait eu conscience étaient celles de la Reine et pour cause Rosemary avait d'emblée afficher sa couleur, un rouge terrible, cruel et menaçant. Et puis, depuis peu... il y avait aussi le Chat du Cheshire mais qu'il ne se plaigne pas, il avait pu s'amuser à ses dépends tellement longtemps ! Elle s'étonnait même qu'il ne s'en soit jamais lassé. Elle avait longtemps cru en sa bonté... comme une idiote ! Et quand elle avait compris qu'il n'était qu'un manipulateur, elle s'était longtemps laissée manipuler par son sourire de façon douloureusement volontaire. Mais cela en était maintenant terminé et il n'avait plus aucune prise sur elle. Et puis, il y avait les autres habitants du royaume dont elle ne doutait toujours pas des vilaines pensées à son égard, pas même cette Duchesse si peu subtile, c'était dire. Combien, de tous ceux à qui elle avait rendu service, étaient des personnes méritant ses services ? Si peu... Mais avec Calypso, elle trouvait cela encore différent. Pour tous les autres habitants, elle obéissait parce qu'elle le devait. Dans le cas de Calypso, elle obéissait car elle pensait le vouloir. C'était ce sourire criant de sincérité et de joie de vivre, cette voix mélodieuse qui avait toujours raison de ses actions. Et toujours, notre lapin blanc lui confiait avec bon coeur ses fils terribles qui la liaient, toujours elle faisait d'elle sa marionettiste de façon purement volontaire. Car Calypso était de loin une marionnetiste qui lui faisait perdre la tête, dont les doigts fins la manipulant étaient synonymes de bonheur. Cours ! Petit Lapin blanc... résiste à cette dangereuse tentation...
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MessageSujet: Re: Arrêtons le cours du temps. {Calypso   Arrêtons le cours du temps. {Calypso I_icon_minitimeLun 18 Mai - 18:40

    L'autre membre étant supprimé, je verrouille le sujet. ;)
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MessageSujet: Re: Arrêtons le cours du temps. {Calypso   Arrêtons le cours du temps. {Calypso I_icon_minitime

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