Elle était là, debout sur le petit banc blanc, cheveux aux vents. Ses prunelles pétillantes fixaient dans le noir avec une certaine intensité le décor du labyrinthe en pleine nuit. Sa silhouette se mouvait parfaitement avec le décor allongé et soyeux. La jeune femme portait une longue robe rouge agrémenté d'un masque noir assez surprenant, déposé sur son visage. Il faisait froid, le vent soufflait paisiblement, mais cela l'importait peu à vrai dire.
La demoiselle en question sauta du petit banc où elle avait pris place et continua d'observer le labyrinthe avec un calme des plus déconcertants. Un sourire des plus fous se déposa délicatement sur ses lèvres rosées avant qu'elle n'éclate de rire subitement. Son éclat de rire cristallin se perdit très vite dans le ciel étoilé. Elle se précipita dans un buisson verdoyant avant de se cacher et d'attendre sereinement, quelque chose ou plutôt quelqu'un. Cela l'agaçait fortement de devoir rester comme cela, dans l'obscurité la plus totale à guetter l'arrivée de son soit disant ' bien-aimé '.
Elle savait parfaitement qu'il était ici, elle l'avait vu il y a quelque temps quitté le jardin des fleurs. Il était donc certain qu'il se promenait ici, sans doute pour méditer tranquillement. Et bien qu'à cela ne tienne il allait devoir remettre sa méditation à plus tard, car la dame du carnaval allait sans doute le surprendre, encore une fois. Sylbao attendait donc déjà depuis de nombreuses minutes, tapis dans les buissons du labyrinthe. Quel gâchis ! Sa robe allait être complètement salie. Elle s'était parée en plus de son plus beau vêtement, une toilette étincellante d'un bleu nuit déroutant. Ce soir, se serait donc cette chère Rosemary qu'elle déciderait de jouer, ou plutôt de rentrer au mieux dans l'univers d'une reine de coeur, sans coeur.
Ah ! Elle se rappelait encore de ce jour où elle avait ridiculisé Georgia. Pauvre petite, la belle aristocrate la détestait surement à ce jour encore plus qu'avant. Pourtant, elle avait étonnement bien réussi son coup. Elle était vêtue ce jour-ci, d'une robe affriolante d'un rose pur, mais néanmoins écœurant à l'œil. Un bonnet d'âne aux longueurs démesurées trônant sur sa tête. Son visage était aussi arrogant et méprisant que celui que faisait Georgia quand elle l'avait vu...
Sans doute voulait-elle lui faire couper la tête pour s'être montrée aussi insolente envers elle. Mais, cela importait peu à Sylbao. La reine était sans doute occupée à bien plus important que de couper la tête à tous ceux qui se montraient loufoque dans un pays de fous comme celui des merveilles.
Le souffle à peine coupé, la jolie silhouette si vaporeuse et fine de la dame 'folle' vint à bouger soudainement avant de sortir des fourrées. Il se tenait là, devant elle ou plutôt dos à elle. Il devait avoir deviné que Sylbao était derrière lui, car il ressentit alors un soupir d'amertume. En effet, elle n'avait cessé de le traquer de toute la journée attendant le moment propice pour pouvoir l'approcher. Et c'était alors dans ce labyrinthe immense qu'elle avait attendu patiemment qu'il vienne...
-Phoenix, quelle surprise de te voir ici ! Remarques-tu tombes parfaiiitement bien. Lança-elle d'un ton humoristique et tellement rieur qu'on aurait dit qu'elle avait englouti une dizaine de champignons magiques psychédéliques.
-Et le piège se retourna contre le malheureux, qui n'avait pourtant rien demandé...Que veux-tu encore cette fois Sylbao ?
-Moi ? Mais rien, voyons ! ne répondit-elle sur un ton faussement défensif. Pho' et si ont jouait à un jeu amusant ?
-A une condition. Si je joue avec toi tu me fiches une paix royale, est ce bien clair ? répondit-il avec un brin de malice.
-Juré !
La dame du carnaval explosa alors de rire, avant de se mettre une couronne dorée aux longueurs et largeurs démesurées sur la tête et d'en mettre une aussi sur la tête de ce pauvre Phoenix. Sylbeo ne put s'empêcher d'éprouver une pointe de satisfaction et de bonheur quand elle vit son 'chéri' et elle côte à côte. Ils étaient seul, oui seuls au bout du monde, perdu dans un détour du Chemin de Jérusalem.
Elle avait l'impression que tous lui appartenait, qu'il lui appartenait, enfin pour de bon et pour l'éternité. Un désir et une exaltation vint alors à transpercer le cœur de la dame du carnaval tandis qu'elle oubliait réellement qui elle était et ce concentrait sur 'son roi'. Ils gouvernaient le royaume d'Alice, ils étaient les empereurs d'un pays merveilleux. Ce qui décidaient qui devait rester vivant et qui devait se faire couper la tête. La reine glaciale, triomphante et son désir d'aimer faire mal aux autres.
Il était son roi et elle sa reine. Comment avait-elle put tomber éperdument éprise de lui, le joli petit bouton de rose qui plus tard deviendra rose ? Elle même ne le savait pas. Ils étaient si différents, si contraire, si opposés.Pourtant, Sylbao ne voulait pas changer sa façon d'être pour réussir à conquérir son coeur, sans doute pris à ce jour par la véritable reine. Elle était et resterait maitresse des déguisements, maitresse des folies. Oui, la dame du carnaval sera toujours l'un des êtres les plus insensés dans l'imagination psychédélique de la petite blonde qu'est Alice...