Zéphir Dodgers, dit le lièvre de Mars - chantier.

Invité

JAMIE DORNAN

ZEPHIR DODGERS

dit le lièvre de Mars.

Garde tes songes / Les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous !

Et derrière le masque, qui se cache ?

Invité

Racontez-nous votre arrivée au pays des merveilles. S'est-elle déroulée sans encombres ? Êtes-vous tombé sur des personnages étranges ? Qu'avez-vous vu, entendu ? Bref on veut tout savoir.

Moi, je suis né dans un tout petit appartement, à Londres. Les murs de chaque pièce étaient de différentes couleurs, et on avait le droit d'écrire dessus. Souvent, des copains de maman venaient répéter la pièce de théâtre qu'ils jouaient le soir même, et parfois, j'avais le droit de regarder. Mon père, je ne l'ai jamais connu, mais je crois bien que c'est un des hommes qui étaient dans la troupe. Je m'en fiche, à vrai dire, oui, je m'en fous, même si c'est un gros mot, et que je devrais pas le dire, parce que l'important, c'est que, au moment où je suis né, une autre personne s'apprêtait à sortir du ventre de ma mère. Cette personne, c'est Nine, c'est ma sœur jumelle. Elle, elle est importante pour toute la suite de mon histoire. Mais je m'égare, je parlais de l'appartement, oui. Dans une pièce, ma maman, qui avait travaillé un jour dans un cirque, avait ramené une machine a barbe à papa, un cheval de manège dont la barre de maintien crevait le plafond et le plancher, ce qui parfois nous posait des petits problèmes avec le voisinage. Il y avait aussi des nez de clowns, des perruques, des costumes de théâtre, bref, pleins de trucs qui font rêver les enfants, comme si tout les pirates de tout les livres d'aventures s'étaient concertés et avaient décidé de laisser leurs trésors dans cette pièce précisément. Le soir, avec Nine, on adorait en cachette de maman, qui de toute façon était bien trop occupée à faire des bisous avec des garçons, aller se faire des barbes à papa de toutes les couleurs, qui faisait trois fois notre taille et salissaient notre pyjama. Peut être que le fait de manger des tonnes de barbe à papa nous donnait la sensation d'avoir un vrai papa dont on mangeait la barbe, je ne sais pas, d'ailleurs, je ne sais même pas si manger la barbe de son papa est naturel - cependant j'imagine, car sinon, les barbe à papa ne s'appelleraient pas 'barbe à papa'. Ça semble pertinent, non? Mais encore une fois, je m'égare. Une fois que nous avions mangé nos barbes, avec Nine, on avait évidement soif, alors, on allait dans la cuisine, et sur un des murs de la cuisine, qui était d'ailleurs vert d'herbe, il y avait une longue étagère sur laquelle s'étalait des sirop de toutes les couleurs, et de tout les gouts. Mais pas des trucs ennuyeux comme fraise, framboise et menthe, non, ça il y en avait mais on s'en fichait, des trucs comme Sirop d'Orgeat, Sirop de Marshmallow, Sirop de Chewing-Gum, de violette, ou encore de canelle...Nous, ça nous rendait heureux. On vivait dans un conte de fées, et à deux, et ça nous suffisait très bien.

Est-ce que je suis fou? Bande de débutants. Il serait plus intéressant de poser une question comme est-ce que je suis flou? Est-ce que je suis mou? Est-ce que je suis doux? Et tant d'autres rimes en ou qui sont bien plus intéressantes que des discussions à n'en plus finir sur une santé mentale qui finalement ne veut rien dire, ou pas grand chose. Bien sur, Sigmund Freud et ses copains me taperaient dessus s'ils entendaient ça. Moi, je m'en fous, me faire taper ne me gène pas, et je ne crois pas aux fantômes, mais vous, vous devriez faire attention. Je vous conseille les armures en bonbons. Je me souviens, un jour, j'avais six ans, ou soixante dix, ça a peut d'importance, l'intéressant c'est mon histoire, ne vous détachez pas de l'histoire, je vous sens arrêter de me regarder, et ça, non, c'est pas bon, vous allez vous perdre, et j'avais décidé d'aller chercher des bonbons chez la voisine du dessus. J'avais vu, à travers le trou que la barre du cheval de manège faisait dans sa cuisine, qu'elle avait des bocaux de bonbons, et maman, elle, n'aimait pas les bonbons, ou alors les gardaient pour elle, on a jamais bien su, toujours est-il qu'on en avait jamais gouté. Or, pour monter chez la voisine, c'était un sacré boulot. J'aurais pu ouvrir la porte pour monter l'escalier et toquer chez elle, mais voilà, j'ai toujours eu une peur bleue des escaliers (et d'abord pourquoi dit-on peur bleue, c'est idiot) eu une peur jaune des escaliers, et la solution la plus simple restante était évidement la fenêtre. J'ai donc ouvert la porte encouragé par Nine, puis j'ai grimpé la gouttière. Personne ne m'a vu, d'ailleurs je crois que personne ne faisait vraiment attention à moi à cette époque, je devais mesurer moins d'un mètre ou plus de quarante, bref, je passais inaperçu, et j'ai grimpé le long du gros tuyau plein d'eau. Une fois que je suis arrivé dans la cuisine, qui était beaucoup moins rigolote que la notre, il faut le dire, il s'est avéré que les bonbons étaient en fait des faux, des leurres pour attirer les enfants bourrés de vices, et dès que j'ai voulu en toucher un a surgit un terrible chat d'un mètre cinquante (ce qui était énorme par rapport à moi, rappelez vous, je ne faisait approximativement que quarante mètres à cette époque) qui s'appelait Azrael si je me souviens bien, et ce dudit chat m'a dévoré tout cru de la tête aux pieds sous les yeux effarés de ma pauvre sœur qui m'observait par le trou du cheval de manège.

Bien sur, cette histoire est une totale fiction. Ma mère ne nous aurait jamais privés de bonbons, Nine et moi. D'ailleurs, je n'ai jamais eu de mère. Et puis, dans notre contexte, ce n'est pas bien important. La véritable histoire que je dois raconter, donc, c'est mon entrée dans le Pays des Merveilles? Mhm. Suis-je vraiment le plus objectif pour raconter ce genre de choses? Parce que, moi je prône le fait que la réalité n'est pas vraiment intéressante. Dans le cadre de notre histoire, cependant, la réalité se mêle au mythe comme le mythe est la réalité, et la réalité est mensonge. Je ne devrais pas donc être si mauvais que ça pour la conter. Tout est parti un samedi après-midi où, comme tout les enfants pas sages, je m'ennuyais, et où, comme tout les enfants intelligents, je n'allais pas m'ennuyer pour très longtemps...

Encore une fois, peu importe l'age que j'avais. L'age, on s'en fiche, c'est tout juste bon a nourrir les poules, et je dis tout juste car les poules sont des animaux nobles avec une façon de voir les choses très intéressante, et qui ont beaucoup de conversation. Mais bon, j'étais un enfant, c'est certain, autant que je le suis encore maintenant. C'était un dimanche matin, si on peut appeler trois heures de l'après midi le matin, et je venais de me réveiller. Je me relève donc de ma baignoire (il faut vous dire que Nine et moi dormions dans des baignoires), et regarde dans l'autre pour voir si ma sœur était réveillée. Le fait est qu'elle ne l'était pas, et en plus semblait aux anges dans son pays des rêves. J'ai donc décidé de me recoucher, voir si par la connexion que tout le monde semblait croire que nous, les jumeaux, avions, je pouvais rejoindre le même rêve elle, et atteindre également cette béatitude. Malheureusement, ma sœur s'étant mise à ronfler, j'ai compris très vite que ça me serait impossible, du moins dans cette pièce-là. Je suis donc sorti, et je suis allé dans la salle-à-trésor me faire une barbe à papa. Il n'y avait personne dans la maison, ce qui n'était pas pour me déplaire; une fois ma gigantesque barbe fabriquée, j'ai commencé a en manger. Mais étrangement, plus j'en mangeait, plus elle augmentait, ce qui n'est pas, vous êtes d'accord avec moi, logique. Petit à petit, je commençais à être repu: je ne suis pas habituellement un gros mangeur, alors, vous vous imaginez à cet age-là où, si mes souvenirs sont bons, j'étais minuscule...Quand j'ai voulu me lever pour aller chercher quelque chose à boire, j'ai compris qu'il m'était absolument impossible de soulever ma carcasse. Décidant que ça n'avait rien d'une fatalité, je me suis allongé. Si c'est à ce moment-là que je me suis assoupi, ou avant? Je n'en sais rien, et notre ami Diderot vous dirait qu'encore une fois, on s'en fout. Toujours est-il que c'est à ce moment-là que je me suis retrouvé dans un étrange tunnel, étrange parce que je pouvais m'y tenir debout et droit, étrange parce qu'il faisait très clair mais qu'aucune lumière n'y était allumée. Je me suis également rendu compte que j'avais les yeux fermés, et cherchait à comprendre comment je pouvais voir qu'il n'y avait pas de lampe si mes yeux étaient fermés quand j'entendis deux voix plutôt étrange discuter entre elles, et il me semble, sans prétention, qu'elles parlaient de moi.

-Regardez, par exemple, celui là. Il a la tête de ceux qui viennent d'arriver ici. Mais pourtant, je vous assure, il est fou!
-C'est vous qui délirez, mon cher ami. Il a les yeux clos face à ce monde infâme, c'est qu'il doit être saint d'esprit.
-Souvent, j'éprouve l'envie irrépressible de vous tuer. Quand je serai plus grand d'ailleurs, je deviendrai la Reine, et je vous ferai couper la tête. Maintenant, laissez moi, hors de ma vue, je veux discuter avec ce garçon.

Ce que cette voix dénommait vulgairement 'ce garçon', c'était moi, évidement. Je m'étais, dans le doute, laissé tomber à terre, et faisait semblant de pleurer en versant des gouttes de pluie d'une petite fiole, que je sortais à chaque fois que le ciel pleurait, sur mes joues. Quelle ne fut pas ma surprise quand je vit apparaitre devant moi, du néant, un garçon qui devait à peu de choses près avoir mon age! Ses cheveux blonds flottaient dans tout les sens, il portait trois chapeaux, ce qui était surprenant car il était le seul petit garçon que j'avais vu de ma vie entière porter autant de chapeau sur sa toute petite tête. Comme je n'avais rien envie de dire, et que je n'avais rien à pleurer, la seule chose que je réussi à faire fut d'ouvrir doucement mes yeux, et de sourire. Le garçon me rendit mon sourire, mais à l'envers, et me tendit la main. Il m'apparut très vite qu'il était le possesseur de la voix qui voulait devenir Reine quand elle serait plus grande, ce que je trouvais plutôt hilarant, car porter des plusieurs chapeaux sur la tête tout en étant Reine, c'est forcement formellement interdit par l'étiquette. Très vite j'appris que ce garçon peu bavard quand il prenait forme humaine s'appelait Elzear, mais j'appris également très vite à l'appeler le Chapelier Toqué. En fait, je décidais de l'appeler comme ça. Aussi vite que lui m'appela le Lièvre de Mars. Enfin, quand je dis très vite, je parle d'une ou deux heures. Car ce fut fusionnel. Jamais de ma vie je n'avais rencontré quelqu'un qui se foutait autant des convenances que moi, et qui en plus de ça trouvait ça idiot de ne pas faire une chose parce qu'elle peut vous faire paraitre étrange voir fou.

Enfin; cette arrivée dans un tunnel étrange avec des voix étranges, je crois, fut le cadre de mon entrée dans le pays des Merveilles, et le début de mes périples avec Elzear, qui nous firent rencontrer des milliers de choses, et inviter des milliers de trucs, passant du non-anniversaire aux Tulipes de pleins de couleurs... Tout ça pour dire que pour moi, la vie au pays des merveilles, c'est un vrai miracle miraculeusement miraculeux.

Joyeux non-anniversaire, et joyeux noël à vous,
Zéphir Dodgers, dit le Lièvre de Mars (pour aucune et plein de raisons possibles).