le désir fructeux d'une poupée de porcelaine

D'avoir vécu le cul dans l'herbe tendre et d'avoir su m'étendre quand j'étais amoureuse. J'aurais vécu obscur et sans esclandre en gardant le coeur tendre le long des jours heureux. Savoir se fendre de quelques baisers tendres sous un coin de ciel bleu...Que j'aime voir, chère indolente, de ton corps si beau, comme une étoffe vacillante, miroiter la peau ! Sur ta chevelure profonde aux âcres parfums, mer odorante et vagabonde aux flots bleus et bruns. A te voir marcher en cadence, belle d'abandon, on dirait un serpent qui danse au bout d'un bâton. Sous le fardeau de ta paresse ta tête d'enfant se balance avec la mollesse d'un jeune éléphant. Et ton corps se penche et s'allonge comme un fin vaisseau qui roule bord sur bord et plonge ses vergues dans l'eau. Elle se tenait là, dehors, allongée sur l'herbe d'un vert feuille éclatant. Elle ressemblait à une poupée de porcelaine avec son teint de pêche délicat et son visage angélique aux traits délicieusement fins. Ses douces prunelles étaient délicatement fermées et on pouvait apercevoir se dessiner sur sa bouche à moitié entrouverte un sourire des plus laineux et reposant. La jeune femme était vêtue d'une robe blanche ce qui donnait un parfait contraste avec sa bouche délicatement rosée et sa chevelure rousse. L'astre lunaire luisait avec légèreté et douceur sur le visage endormi de la belle au bois dormant. Il reignait une atmosphère fraîche, candide et vivifiante dans le labyrinthe du pays des merveilles. Oui, le pays des merveilles. Les rêves et folies psychédéliques de la douce et ravissante petite Alice. Alice, angélique et anodine petite fille au regard d'un bleu tendre et voluptieux. Elle s'endort et se laisse bercer avec une psychose plus ou moins déconcertante - par un univers qu'elle c'est crée elle même...Mais chut ! Qui vois-je ? La belle au bois dormant vient de sortir de son sommeil enjôleur et flegmatique. Qui serait bien assez fou ou inconsient pour pénétrer dans le labyrinthe du royaume à une heure si tardive et avancée de la soirée ?

EMELIA - tu peux prendre mon coeur pour une balade sur la plage, tu peux prendre mon coeur pour un petit voyage , tu peux prendre mon coeur très près de ton coeur, tu peux prendre mon coeur pour toujours si tu veux...

Inconsciente, certes, lestement, mais insensée certainement pas ! La plaisante et archangélique petite poupée de porcelaine n'est d'ailleurs qu'autre que Emélia Garance Frazier. L'une des plus délicates et fraiches créatures de ce royaume. Mais ne dit-on pas souvent que les apparences se révèlent être trompeuses ? Derrière ce masque divinement céleste et séraphique ne se cacherait-il pas une tigresse des plus tumultueuses ? Tigresse, je n'irais pas jusque là, mais une personne glaciale et acide, indéniablement. Emélia inhala délicatement le doux parfum des roses rouges qui ornaient une allée du labyrinthe avant de se replonger dans ses pensées les plus lointaines. Comment c'était-elle égarée ? Elle n'en avait à vrai dire aucune idée et tel était le dilemme. Qu'importe, elle était maintenant seule dans " le chemin de Jérusalem " et savoir qu'il était déjà ardu de se sortir de ce labyrinthe la matinée la faisait frissonner davantage.

Un son à peine audible se fit entendre soudainement dans les rosiers. La poupée de porcelaine surprise tenta de s'enfuir et trébucha sur une pierre grise. Elle se releva péniblement essayant tant bien que mal de distinguer l'inconnu(e) qui avait provoqué ce bruit.

NATHANEL - Vous avez une voix cristalline ravissante, Emélia.
EMELIA - L'ouie de l'aristrocatie est plus fine que je ne le pensait. Vous m'épiez ?
NATHANEL - Vous devriez cesser votre mauvaise foi et volonté envers les nobles du chateau de cartes. La reine n'apprécie pas les mauvaises têtes.
EMELIA - Elle n'apprécie pas les têtes sur un corps certes, mais coupées cela m'étonnerait. Vous, les aristocrates vous procurez un malin plaisir à manipuler et empoisonner la vie des gens que je trouve fortement déplacé et indigne de votre rang qui se dit être haut placé et raffiné.
NATHANEL - Un conseil, ne jouez pas avec le feu vous risquerez de vous y brûler les ailes. Votre apparence de poupée de porcelaine n'est en faîte qu'une abjecte illusion quand on voit ce que vous cachez à l'intérieur. Finalement, vous êtes un peu comme moi...

Le jeune homme avait visiblement touché une corde sensible car, avec un élan de rage incontrôlable Emélia fit vaciller une des pierres argentés qui se trouvaient sur le sol et la lança dans la direction de Nathanel. Ce dernier l'évita de justesse et ce contenta de rire aux éclats. Un rire soit dit-en passant qui se voulait être sarcastique. La jeune femme lança un regard noir et sibérien au jeune homme avant de continuer son chemin vers une autre direction du labyrinthe.

NATHANEL - Emélia ! Revenez vous êtes ridicule. Comment comptez-vous sortir de ce labyrinthe toute seule ?
EMELIA - Sachez monsieur que je peux parfaitement me débrouiller seule. Je n'ai besoin de l'aide de personne et encore moins de vous...mais j'avoue que finalement un peu d'appui me soulagerait énormément.

Nathanel regarda la jeune femme rousse perplexe avant de poursuivre son chemin avec elle. Ces deux-là ne semblaient pas réellement s'apprécier mais, une sorte d'alchimie et de lien se tissait pourtant entre eux à chaque fois qu'ils étaient ensemble. Un lien qui les attiraient davantage mais, les menaient aussi à contresens, car malgré cette fascination qui se développait entre eux ils ne s'entendaient absolument pas et n'avaient tout simplement aucun point en commun. Même négatifs. Les deux jeunes gens du pays des merveilles ne tardèrent pas au bout d'une heure à désespérer et trouvèrent un endroit tranquille où s'assirent. Contre toute attente se fut la première et surement pas la dernière fois que Emélia goutta un de ses champignons magiques aux vertus plus ou moins originales et psychédéliques. Sa tête ne tarda pas à tourner dans tous les sens et la jeune femme rigola bruyamment aux blagues les plus stupides et idiotes de son ' camarade de jeu et de compagnie '. Toutes les couleurs défilaient autour d'elle, du bleu, du rose, du doré mais, le plus étonnant était qu'avec ces drogues on oubliait absolument tous. La jeune femme ne tarda pas à se retrouver les fesses à l'air en dansant le mambo avec un escargot plus ou moins étonné qu'elle faillit écraser d'ailleurs à plusieurs reprises - et qu'elle envoya balader quelques mètres plus loin. cerveau de Emélia était en pleine fusion d'adrénaline et de feu d'artifice. Elle observait même se cacher dans un coin du labyrinthe un éléphant rose avec des ailes bleues à pois verts qui s'agissait en faîte d'un simple mollusque égaré sur l'herbe verte mouillée. Devant un tel quiproquo dérisoire et complètement loufoque la jeune femme ne tarda pas à s'évanouir d'épuisement et ce ne fut qu'au petit matin qu'elle réussit à retrouver son chemin encore étourdie par les symptômes paradisiaques ou plutôt satanique de ces champignons magiques.