Lost, once and again... [PV Chatounet]

Invité

Archibald. Elle n'avait que ce mot à l'esprit. Celui qui l'intéressait n'était pas Ark, ce n'était pas non plus le Chat de Cheshire, c'était Archibald. Personne d'autre. Pourquoi détestait-il à ce point ce prénom qu'elle adorait tant. Archibald, c'était celui qui aurait dû vivre ici, celui qui aurait dû être son fiancé. Kallen aimait Archibald et rêvait de détester tous les autres noms sous lesquels il était connu. Mais malgré toute la haine et toute la rage dont elle pouvait être capable, elle n'y parvenait pourtant pas. Au mieux, elle ne parvenait qu'à se haïr elle-même, se trouvant terriblement faible, naïve et idiote. Pitoyable. Voilà ce qu'elle était.

Ces jours-là, Kallen n'avait goût à rien. Elle tournait en rond et toute personne qui croisait son chemin en prenait pour son grade. Enfin, tout le monde à l'exception de la Reine de Coeur puisque comme tout le monde, Kallen craignait de la mettre en colère. Oui, parce que tout le monde n'agit pas inconsciemment, se fichant de ce qui pourrait advenir par la suite. Tout le monde n'était pas le Chat de Cheshire. Et voilà comment on en revenait à lui. Encore et toujours. Kallen aurait voulu étriper quelqu'un, hurler sa colère ou que sais-je encore. Mais, à croire qu'on commençait à la connaître, avec le temps. Il n'y avait rien ni personne sur qui elle aurait pu vider toute la colère qui rongeait son coeur. Pourtant, étrangement, elle ne laissait rien paraître de son agitation intérieure. Elle se contentait d'errer dans les jardins du palais. Errer comme l'âme en peine qu'elle était. Qu'espérait-elle ? Oublier, peut-être ? Pourtant, tous ses efforts ne la ramenait qu'à.. Archibald. Pitoyable, je vous disais.

Elle avait passé une bonne partie de la journée à ruminer ainsi, à chercher une occupation quelconque. Mais bien entendu, rien ne lui avait convenu plus de deux minutes. Et, en désespoir de cause, elle était donc sortie dans les jardins. Après un bon moment à s'y promener, ne trouvant rien ni personne, elle soupira. Au fond, elle avait envie de le voir, une envie qui en devenait obsessionnelle. Mais elle était bien trop fière pour l'avouer et plus encore pour se l'avouer. En tournant la tête, elle vit l'entrée du labyrinthe. Elle se mit à rire. Quel comble, tout de même ! Si même le jardin se liguait contre elle, si même ses pas hasardeux la ramenait à lui, alors peut-être valait-il mieux s'avouer vaincue ?

Non. Bien sûr que non. Elle s'avança vers le labyrinthe, d'un pas déterminé. Elle allait conjurer le sort. Traverser ce labyrinthe, ce lieu où le chat avait joué avec elle et volé son coeur, sans penser à lui. Voilà la solution. Ephémère, sans doute mais n'allons pas la contrarier en lui expliquant cela. Kallen avait parfois des lubies comme cela. Elle commença donc à se promener dans le labyrinthe tout en s'efforçant de penser à tout autre chose qu'à un animal poilu qui chassait les souris et souriait, ou tout ce qui pouvait s'y rapporter de près ou de loin. Pas facile... La jeune fille aurait pu vous le confirmer et c'était bien pour cela qu'elle se mit à soupirer. Son idée était véritablement stupide puisqu'en plus d'avoir encore pensé à Archibald, elle était à présent perdue. Perdue dans ce fichu labyrinthe.

"Quelle idiote..." marmonna-t-elle entre ses dents, folle de rage.

Elle aurait voulu s'arracher les cheveux, taper du pied, crier. Elle aurait très bien pu le faire, personne ne l'aurait jamais su puisqu'elle était parfaitement seule. Mais cela n'aurait servi à rien d'autre que de se rendre encore un peu plus pitoyable. Et puis, tout cela n'était pas de sa faute mais de la sienne, à lui. Après tout s'il n'était pas Chat mais Hatwood, tout serait différent. Elle ne serait pas là, ridicule. Elle ne serait pas perdue.

"Je te déteste" murmura-t-elle, avant de le répéter, plus fort puis de le crier.

Si seulement elle avait pu le détester, tout aurait été bien plus simple, aussi. Pourtant, il devait bien y avoir une solution, quelque part, non ? Une réponse à ses questions ? Pas sûr qu'elle soit facile à trouver. Après tout, il y avait bien une sortie à ce labyrinthe et pourtant beaucoup s'y étaient perdus. Ça devait être un signe, encore. A bout, elle s'assit par terre. Mieux valait ne pas bouger plutôt que de risquer de se perdre encore plus. En levant la tête, elle remarqua que la nuit n'allait pas tarder à tomber. Espérons que quelqu'un passe par là et qu'elle ne reste pas ici toute la nuit. Elle se voyait mal dormir à même le sol.

Invité

You've always been so dear to me.

« Your tears are falling silently
So full of joy you are a child of spring
With a beauty that is pure
An innocence endures... »

« Qui détestes-tu princesse ? Pas moi j'espère ? »

Invité

Kallen pensait être seule et pouvoir ruminer sa colère en paix, peut-être revenir avec une idée de vengeance contre une personne qui l'aurait regardé de travers aujourd'hui au palais, si elle avait de la chance. Mais, comble du désespoir, sa voix retentit, coupant le souffle de la jeune femme sous le coup de la surprise et de l'émotion. Qui donc osait importuner quelqu'un qui désirait rester seul ? La réponse est évidente voyons ! Ce fichu Chat de Cheshire. Kallen redressa la tête mais ne regarda pas Archibald. Elle voulait pouvoir conserver tout le ressentiment qu'elle éprouvait et ne plus être cette pauvre deux de carreau dont il se servait comme il l'entendait. Elle voulait parvenir à ne plus être Kallen mais la Princesse de la Folie Ensanglantée avec lui et elle savait très bien qu'il lui suffirait de croiser son regard pour tout lui pardonner. Lui pardonner d'être Chat de Cheshire plutôt qu'Hatwood et de se servir d'elle plutôt que de l'aimer.

Malgré toutes ces bonnes intentions, Kallen savait pertinemment que si ses joues avaient rougi et si son coeur s'était emballé, ce n'était pas à cause de la colère que pouvait lui inspirer le Chat, aussi grande puisse-t-elle être. Elle ne parvenait à lui en vouloir que quand il était absent, à ne lui dire ses quatre vérités que dans son imagination. Mais, il fallait rester digne, ne pas montrer cette faiblesse qu'étaient les sentiments qu'elle avait pour lui. Aussi, le visage de Kallen resta de marbre, au prix d'un gros effort de sa part, il faut tout de même le souligner. Elle regarda le Chat en silence, prenant garde de ne jamais poser les yeux sur son visage. Ses vêtements, sa façon de se tenir et sa voix mielleuse : tout était fait pour susciter l'agacement, même chez les plus endurcis. Il ne vivait que pour cela, on aurait dit, rendre les gens fous de rage. Du moins, quand il ne les rendait pas fous d'amour... Chose qui l'amusait plus encore même que la première solution. Alors, puisque quelque soit la façon dont agirait Kallen, il s'amuserait d'elle, autant être franche. Elle le regarda dans les yeux avant de répondre sur un ton sec :

"Si... Justement."

Puis détourna la tête. Elle ne voulait pas le voir. Elle devinait déjà le sourire qui illuminait son visage suite à ces paroles. Elle imaginait très bien à quel point il devait jubiler intérieurement suite à ces paroles. Quelle idiote, je vous assure... qu'est-ce qu'il lui était passé par la tête, au juste ? Enfin, elle ne comptait visiblement pas s'arrêter là puisqu'elle lança alors sur un ton qui se voulait autoritaire :

"Va-t'en..."

Elle connaissait bien le Chat depuis le temps et se doutait que cette phrase ne le ferait pas partir, surtout si elle était dite sous le coup de la colère. Il s'amuserait bien plus à rester la provoquer qu'à partir. Mais, au fond, si Kallen avait prononcé cette phrase, c'était peut-être bien parce qu'une part d'elle ne voulait pas qu'il s'en aille. Ce serait tellement mieux s'il restait, s'il éprouvait une once d'intérêt à son égard. Qu'il s'amuse avec elle ! Il le fait si bien, après tout. Mais, d'un autre côté, si elle voulait un jour être plus pour lui qu'une vulgaire carte, il fallait qu'elle cesse d'être aussi faible. Impossible. Elle ne le savait que trop bien. Aussi elle se pinça les lèvres. Elle était encore plus perdue qu'avant, tout ça à cause de ce Chat. Qu'est-ce qu'elle pouvait le haïr, par moments. Oui, le haïr autant qu'elle l'aimait... Pitoyable, ni plus, ni moins.

Invité

I'll keep these memories with me forever.

« Sorrow seals our lips tightly
Horror stalks our sleep nightly
But my heart escapes from this attic room
I'm running freely though the town »

« Tu me montres une drôle d'image tu sais Kallen »

« Pourquoi me détestes-tu ? Je pensais que tu étais quelqu'un qui ne jouait pas les demi-mesures. M'aimes-tu ? Ou me hais-tu ? »

Invité

S'il y avait bien une chose que Kallen détestait, c'était ne pas pouvoir maîtriser les choses. Toutes ses relations n'étaient que pur intérêt, ses sourires, des faux semblants, tout comme les attentions ou les compliments qu'elle adressait. La Princesse aimait tout savoir, tout diriger, tout manipuler. Mais avec le Chat, elle n'y parvenait jamais. Elle le savait et elle détestait cela. Pourtant, elle était éperdument amoureuse de cette même personne. Elle s'était mise dans un beau pétrin, inutile de le lui faire remarquer, elle l'avait bien compris. Certes, le Chat et elle partageaient régulièrement le même lit mais ce n'était pas cela qui la poussait toujours à se jeter dans les griffes du jeune homme. Non, c'était un fichu espoir, celui qu'un jour ses allers et venus au Palais et dans sa chambre ne soient plus clandestins, qu'il redevienne ce qu'il devait être, un Hatwood.

Et même, sans aller jusque là, le seul fait qu'elle puisse l'atteindre, d'une quelconque manière, la comblerait peut-être. Mais la belle avait eu beau essayer de toutes ses forces, elle n'y était jamais parvenue et ce n'était sûrement pas aujourd'hui qu'elle y arriverait. Non, elle avait bien trop peur, comme toute personne amoureuse. Peur que le Chat décide de trouver un autre jouet, une autre idiote avec qui s'amuser. Au fond, elle s'était habituée à être "deux de carreaux". Elle s'en contentait, c'était mieux que rien. Mais il ne fallait surtout pas que lui sache cela. Le jeu risquerait d'être lassant si Kallen n'en souffrait pas un peu, non ? Aussi, une fois encore, malgré sa colère, elle espérait que le Chat resterait. Il ne le ferait sûrement pas pour elle, il n'y verrait que son plaisir et penserait déjà à quel point il pourrait s'amuser avec elle. Mais tant pis... Tout serait bien pire s'il partait et la laissait seule dans ce fichu labyrinthe.

La princesse sursauta légèrement en entendant le Chat descendre de son perchoir mais ne daigna tout de même pas lui adresser un regard. Peut-être était-ce là un relent de fierté mal placée qui faisait qu'elle ne voulait pas s'avouer vaincue si facilement. Et pourtant, même si elle ne le voyait pas, elle était déjà complètement conquise. Elle l'imaginait parfaitement bien atterrir avec grâce puis se relever et marcher vers elle avec son sourire hautain sur le visage. Comment se faisait-il qu'il lui fasse autant d'effet ? Pourquoi ne parvenait-elle même pas à être autre chose que ce qu'il attendait d'elle ? Pourquoi fallait-il qu'elle ne soit plus maître d'elle dès qu'elle le croisait ? Cela l'agaçait au plus haut point mais elle se contenta de froncer les sourcils en y pensant.

Archibald s'assit à côté d'elle et déjà son coeur battait la chamade. Idiot de coeur. Pourquoi fallait-il toujours qu'il se manifeste contre sa volonté ? Mais, plus important encore, Kallen sentait déjà tous ses reproches fondre comme neige au soleil. Elle se détendit légèrement et consentit même à regarder fixement droit devant elle et plus dans la direction opposée au Chat. Il commença à jouer avec ses cheveux. Enrouler ses jolies boucles blondes autour de ses doigts, il adorait faire cela et Kallen aussi, du coup. Ce petit geste de rien du tout lui donnait l'impression qu'elle était autre chose qu'une simple maîtresse, autre chose qu'une carte, que peut-être il avait une once d'affection pour elle. Là encore, ce fichu espoir la perdrait. Elle se retint de soupirer tout en songeant au ridicule de la chose. Elle n'était rien pour lui, elle le savait. Il ne l'aimait pas et ne l'aimerait jamais et pourtant, elle en redemandait encore et encore. Elle se sentait mieux parce qu'il était assis à ses côtés. Elle était véritablement bien à chaque fois qu'il daignait venir la voir et aurait voulu mourir quand il repartait. Mais elle l'aimait alors elle se contentait du peu qu'il lui donnait. C'était déjà mieux que rien.

Elle sentit alors les lèvres du Chat venir se poser dans son cou et ne put s'empêcher de sourire légèrement. Il parla alors mais elle ne l'écoutait pas jusqu'à ce qu'elle entende son prénom. Kallen. Il ne l'appelait presque jamais ainsi, elle avait toujours été deux de carreaux même si elle n'avait jamais compris pourquoi elle avait hérité de ce surnom idiot. Etait-ce une bonne carte à ses yeux ? Une carte inutile ? Bonne à jeter dès qu'elle ne serait plus utile ? Elle ne le savait pas et le Chat ne voulait pas répondre à cette question. Mais là, il avait prononcé son prénom. Elle avait été si surprise qu'elle tourna aussitôt la tête vers lui pour se prendre de plein fouet sa question suivante. Son coeur se serra. Est-ce qu'elle l'aimait ou est-ce qu'elle le haïssait ? Quelle étrange question... Malgré tout ce qu'elle avait pu dire ou même faire, elle l'aimait, éperdument. Elle l'aimait mais aurait tellement voulu le haïr, tout aurait été si facile, beaucoup moins douloureux. Mais, pouvait-elle le lui dire ? Il le savait déjà, c'était évident. Il en jouait. Mais elle savait aussi qu'il ne l'aimait pas, lui. Alors, lui répondre était beaucoup plus difficile, c'était une preuve de faiblesse aux yeux de Kallen. En même temps, rester muette et le fixer ainsi dans les yeux avec un air interrogatif n'était pas la meilleure solution. Après un moment, elle finit par soupirer et baissa légèrement les yeux avant de murmurer :

"Tu le sais parfaitement..."

Ça oui, il ne le savait que trop bien... Kallen releva les yeux et fixa à nouveau Archibald. Elle resta un moment ainsi avant de se décider à avancer doucement son visage pour l'embrasser tendrement. Qu'il joue avec elle encore, si ça l'amusait, après tout, la Princesse ne pouvait pas prétendre à grand chose d'autre qu'à cela. A croire qu'il n'y avait que ce Chat pour elle...